Laudatio 2018

Jean François Billeter, Une autre Aurélia et Une Rencontre à Pékin, Ed. Allia

Par André Wyss, président du jury.

Mesdames et Messieurs les sociétaires, les amis et élèves de Jean-François Billeter, chers collèges du jury Dentan, et cher Jean-François Billeter,

J’aurai doublement besoin de votre indulgence aujourd’hui. Premièrement parce qu’il n’y aura pas de laudatio des deux livres de Jean-François Billeter que nous récompensons par le Prix Michel-Dentan 2018, et deuxièmement parce qu’à la place de la laudatio, vous aurez les explications de celui qui aurait dû être le laudateur. Je pense que le lauréat appréciera qu’on ne fasse pas son éloge. Il faudra tout de même qu’il supporte certaines choses. Je ne veux pas le mettre mal à l’aise, mais je dois aussi dire mes vérités au public ici présent.

Ayant donc eu le sentiment, dès le lendemain de la séance au cours de laquelle le jury a pris sa décision, que je n’arriverais pas à construire une laudatio à partir des deux livres primés, j’ai décidé de tenir le journal de ce travail qui commençait, et j’y ai naturellement été encouragé par le fait que l’un des deux livres primés est constitué de notes datées.

Mais pour que mon propos soit compris de tout le monde ici, il faut que je dise en quelques mots ce que sont les deux livres primés. Rencontre à Pékin est le récit, fait plus de cinquante ans après les événements narrés, des premières années passées par Jean-François Billeter à Pékin pour y mener des études de langue et de civilisation chinoise, et de la rencontre la plus décisive de sa vie, celle de Wen, qu’il épousera et conduira en Suisse. Une autre Aurélia est constitué d’un choix des notes que l’auteur a tenues comme dans un journal, pendant les quatre ans qui ont suivi le décès de Wen, en 2012. Le livre s’intitule Une autre Aurélia en référence au livre où Gérard de Nerval raconte son drame personnel, où – je cite notre auteur – il « ouvre de nouvelles portes à la connaissance des mystères de notre esprit », cependant que lui, Jean-François Billeter, cherche en quoi les bouleversements que l’on connaît après la disparition d’un conjoint, nous apprennent « de quoi nous sommes faits ».

 

Voici donc mon « Journal de l’éloge »

 

15 avril. A ma première lecture de Une autre Aurélia, il m’avait été impossible de ne pas avoir toujours devant les yeux l’image de Wen. Nous avons eu le privilège et le bonheur de la connaître, en famille. Qui plus est, son image est associée à cette Haute-Engadine que nous aimons tant, à Sils-Maria, à ce paysage que plus d’une fois le poète Pierre Jean Jouve qualifie de chinois.

Il pleut sur un lac, tout est brouillé, et derrière, à pas feutrés, le tonnerre. De grandes bandes folles font s’effilocher les rocs les plus durs, tandis que l’eau est lisse, comme une vierge. Je promène un chagrin de plusieurs siècles en observant l’air vif et sans vent sur mon visage. Il n’y a personne en ce pays. Tout y est perte, fantôme, absence après la mort. Il n’y a plus même le chagrin dont j’ai parlé. Il s’agit de faire encore une fois que le terrible conflit ne tue pas le poète.

Puis-je maintenant juger littérairement d’un livre que j’ai lu de cette façon, en mêlant des images si personnelles au sens des mots et des phrases ? L’empreinte si forte de Wen a-t-elle été de nature à me faire mieux comprendre le livre, ou bien au contraire à en limiter la portée par le parasitage du souvenir ?

16 avril. Relu Une autre Aurélia. Quelle émotion ! Elle naît d’une écriture si forte que le parasitage que je craignais hier ne peut pas opérer, et j’entre en littérature en entrant dans le livre. L’émotion en est aussi le thème central, et l’analyse de l’émotion. Émotion à tous les niveaux de l’expérience donc, pour l’auteur et pour le lecteur.

17 avril. Relu Rencontre à Pékin. Je m’étais demandé si ce ne serait pas de la littérature de témoignage. Non c’est de la littérature, c’est-à-dire que cela témoigne par la force de l’écriture ! On aurait pourtant de la peine à faire une analyse stylistique de cette écriture, car c’est par un style net, transparent, sans rhétorique, sans implication personnelle envahissante, que cela progresse. Cela nous emporte sans fioritures à travers le temps et l’espace vers cette Chine d’il y a cinquante-cinq ans.

18 avril. Au Dentan, nous avons décidé de primer conjointement les deux livres. Il faudra justifier cela. J’ai noté deux ou trois choses en marges d’Une autre Aurélia. P. 15 : « Voici une nouvelle phase de ma vie, comme quand je suis parti seul pour la Chine en 1965. A l’époque, j’ignorais au-devant de quoi j’allais tandis que maintenant je sais ce qui m’arrive. » – P. 16 « Je m’en tire en me reportant à avant Wen, lorsque j’étais encore seul, quand la place qu’elle allait occuper dans ma vie était encore vacante. » – P. 28: « Quand je pense à sa fin, penser aussi à notre première rencontre. Le commence-ment et la fin. » – P. 34 : « j’aperçois celle qu’elle était quand nous sortions ensemble à Pékin, pendant l’hiver 1965-66. Comme si la distance qui nous sépare désormais me ra-menait à la distance des premiers temps, quand nous étions encore novices, nouveaux l’un pour l’autre. » – P. 46 : « La place que Wen a occupée dans ma vie est proportionnelle à ce qui m’a manqué avant elle. Je mesure maintenant le vide qu’elle a comblé ». – P. 60 : « Je me souviens de notre dernière nuit à l’université de Pékin, à la lumière de la lampe. Moment doublement inconcevable aujourd’hui : ce que c’était pour elle de quitter la Chine, ce qu’était le monde d’alors. » – P. 78 un livre reçu « me rappelle avec force le Pékin des années 1963-1966, où j’ai rencontré Wen. Dans ma vie, je suis allé deux fois aux frontières du connu : en Chine d’abord, en philosophie (dans l’étude du sujet) maintenant. » – P. 90, un rêve qui n’est pas sans rapport avec le danger qu’elle courait lorsque nous voulions nous marier, à Pékin. – P. 91, à quelques lignes de la fin du livre. « Les trois petites-filles de Wen découvrent Pékin. J’embrasse de loin des mondes qui ne se touchent plus, mais entre lesquels quelque chose s’est transmis. » Fin de citations. Il y a là un diptyque, c’est sûr.

19 avril. L’hypothèse s’impose tout à coup à moi que c’est l’écriture (et pour nous la lecture) de Une autre Aurélia qui permet de comprendre quelle vérité est profondément enfouie dans Une rencontre à Pékin. Je crois que les notes le disent deux ou trois fois, ou du moins le font com-prendre dans Une autre Aurélia.

19 avril. Une rencontre à Pékin. Pourquoi cela me prend-il, pourquoi est-ce beau, pourquoi est-ce nécessaire ? C’est je crois le cas exemplaire du couple qui se forme d’une manière qu’on ne pourrait pas croire possible, et qui dure 48 ans, interrompu par la mort seulement. C’est une atmosphère de plus en plus oppressante dans le cours du récit, avec une espèce de suspense. C’est ce qu’on apprend sur la Chine d’alors. Et c’est que tout cela est dit dans un style à la fois tout à fait transparent, mais d’une élégance qui permet de dire des choses essentielles sans s’appesantir, des choses qui remontent de très profond, qui font découvrir à l’auteur l’essentiel.

20 avril. J’ai repensé longuement à la phrase où Jean François dit être allé deux fois aux frontières du connu, l’une de ces fois étant la philosophie. La philosophie placée comme expérience, juste à côté de cette expérience tour à tour heureuse et pénible du voyage solitaire en Chine, des mois d’angoisse entre la rencontre proprement dite de Wen et le retour avec elle en Suisse. Jean François a-t-il cette conviction que la philosophie, sa philosophie du moins, le conduit aux frontières du connu ? Et que sont « les frontières du connu » s’agissant d’une philosophie du sujet ? Dans Une rencontre à Pékin, les frontières du connu sont là de bout en bout, elles sont ce qui nous fait trembler, qui donne à ce livre quelque chose d’un récit à suspense. Dans Une autre Aurélia, ces frontières sont en nous et juste à côté de nous, et quelque part par là.

26 avril. Dans les notes de bas de page d’Une autre Aurélia, il y a des références en assez grand nombre aux ouvrages récents de l’auteur. Cela m’a encouragé depuis une semaine à lire ou à relire plus de la moitié des onze ouvrages que Jean-François Billeter a publiés chez Allia depuis 2001. Est-ce que je vais pouvoir lui dire, et devant le public de la cérémonie, avec quel intérêt, avec quel plaisir j’ai lu cela ? Dans ces livres, Jean-François Billeter parcourt son propre chemin, reprend tout à zéro de manière critique, parfois en donnant l’impression que sa pensée pourrait tenir lieu de toutes les pensées, sa linguistique, de toutes les linguistique. Mais même ce qui pourrait paraître trop fier est avancé calme-ment, sans gloriole, avec des raisons péremptoires, sans dogmatisme, avec le sentiment que c’est fait surtout pour soi-même. Je m’étonne et j’adhère, et cela me transporte, je suis bien forcé de le constater.

27 avril. Pas de doute, Une autre Aurélia dialogue profondément avec les précédents ouvrages de Jean-François Billeter, car l’auteur s’y réfère maintes fois à ses lectures de prédilection et dit en note où et à quelle occasion il en a parlé. Après mes lectures de la semaine écoulée, tout cela prend un air plus familier. Les références littéraires, musicales et artistiques sont également très nombreuses ; les œuvres sont alors le catalyseur de l’émotion et l’émotion est le catalyseur d’une nouvelle compréhension, en général plus profonde, des œuvres en question, mais il y a toujours, finalement, un retour au moment présent vécu, à la vie, au rapport à l’absence et à la mort. – Ces références culturelles, leur analyse par l’auteur, loin de me paraître pédante, sont des moments de générosité de l’auteur : y trouvant de l’aide pour lui-même, il nous la procure. C’est d’ailleurs l’intention générale de Une autre Aurélia : « faire œuvre utile » en partageant une expérience que nous pourrions être nombreux à vivre, faire œuvre utile en disant « de quoi nous sommes faits ». Ces références culturelles, quand nous les partageons (et c’est le cas de la plupart d’entre elle pour un lecteur un tant soit peu cultivé ou prêt à s’informer), sont très éclairantes, malgré le surgissement de quelque chose d’intellectuel dans le tissu affectif. Le disciple de Jean-François Billeter que je suis devenu va devoir réfléchir aux effets de ce surgissement !

28 avril. Note du 21 nov. 2014 dans Aurélia « je puis donner par la réflexion et l’écriture » : c’est la générosité dont je parlais, et la raison peut-être de tous les livres de Jean François.

28 avril. Dans sa présentation des extraits de Lichtenberg qu’il a traduits, l’auteur précise que s’il publie ce livre de traduction sous son nom, c’est que cette traduction « s’inscrit dans la suite de [ses] travaux ». Pierre Jean Jouve aussi parlait de son œuvre d’écrivain comme d’un travail. Jean-François Billeter cite Stendhal : « Sans le travail, le vaisseau de la vie humaine n’a pas de lest », et il précise « sans le travail sur l’essentiel, celui qui me fait avancer. »

29 avril. Les lectures que j’ai faites ces derniers jours font apparaître quelque chose de très particulier : les deux livres que nous primons cette année sont tout bonnement les deux derniers éléments en date d’une œuvre, celle de Jean-François Billeter , qui commence au moment où il se retire de l’université pour se consacrer « à ses travaux », comme il dit. Tous les livres publiés depuis lors se tiennent, et ils ont même un rapport avec le grand livre sur l’art de l’écriture en Chine, de l’ère, disons, académique du travail de l’auteur : le geste, qui est au cœur d’Un paradigme, était déjà central dans livre sur la calligraphie : le geste culturel du traçage de l’idéogramme devient naturel à force d’être répété, et l’apprentissage des idéogrammes commence par le traçage en l’air du geste qu’il faudra produire pour le déposer sur le papier. La notion d’intégration qui est au cœur de Un paradigme s’appliquera rétrospectivement à ces pages consacrées à l’écriture. L’autobiographie vient donc couronner quelque chose qui a commencé par les sciences humaines, s’est continué par le passage à la littérature, et maintenant à la littérature autobiographique.

30 avril. Le mot allemand Zugewandtheit, caractérise Wen, dit un ami de Jean-François, qui le rend ainsi : « aimer avoir affaire aux gens ». Cette qualité de Wen, Jean-François Billeter l’a acquise dans ses livres, c’est par ses livres qu’il a affaire aux gens. Certes, il les brutalise parfois un peu dans ses propos (il aime la polémique, il a écrit un livre qui s’intitule Contre François Julien, star française de la sinologie), la plupart du temps il nous secoue, et on finit par le rejoindre.

1er mai. Relisant Un paradigme, je m’avise qu’il n’a pas fallu attendre 2017 pour trouver l’autobiographique chez Jean-François Billeter. Ce livre, qui est pourtant une réflexion philosophique, peut être lu comme une autobiographie intellectuelle. Mais ce qui importe pour nous est ici : la personne qui a le plus besoin du paradigme de l’intégration, c’est Jean-François Billeter. La personne qui en a le moins besoin, c’est Wen. C’est l’auteur qui le dit. J’ajoute que le lecteur lambda en a besoin autant que lui.

2 mai. Il y a beaucoup de rêves dans Une autre Aurélia. Dans Un paradigme, p. 37, Jean-François Billeter disait que lorsqu’il note un rêve, ce qui paraissait à peine saisissable devient un récit bien articulé ; « ce pouvoir fixateur des mots et des phrases m’étonne chaque fois. ». Cette idée reviendra dans Esquisses.

2 mai. Dans Un paradigme, Zhuangzi est appelé par Jean François « mon répondant chinois ». J’aime lire cela, qui me conforte dans ma lecture de Jean-François Billeter.

3 mai. Aux pages 48 et 49 d’Une autre Aurélia, il y a rencontre de notations de divers genres : personnelle, relative au travail en cours, culturelle, philosophico-linguistique et même polémique : les épigones sont crédules, ceux de Wittgenstein ont cru qu’il ne s’intéressait qu’à la langue, ce qui est faux, mais même W. a oublié à la fin la nature exacte de sa philosophie. Que vient faire tout cela dans ces notes ? C’est bien qu’une œuvre se poursuit ici, qu’elle se poursuit dans tout ce qu’il écrit, qu’on est peut-être ici, par surprise au cœur de l’œuvre multiforme mais très centrée de Jean-François Billeter. Ce qu’il appelle ses travaux, et qu’il doit désormais à Wen.

4 mai. P. 57, l’enfance heureuse de Wen lui a fourni un « socle de sa vie » : écho des pages de Un paradigme où Jean-François Billeter parle de la crise grave qu’il a traversée (c’est à cette occasion que l’auteur dit que Wen « n’a que faire d’une philosophie de l’intégration »). Ah bien, on aurait tort de penser que Jean-François Billeter a enfin connu l’émotion après la mort de Wen : la crise en question lui a fait découvrir l’émotion et lui a appris ce que c’est. Et dans le langage philosophique de Jean-François Billeter l’émotion est un « phénomène d’intégration qui libère le corps d’un conflit qui le paralysait et lui rend la vie. »

4 mai. Une autre idée importante de Zhuangzi, et qui revient dans Un paradigme, est celle du changement de régime, le plus souvent ce changement est brusque. Je parcours à nouveau Une autre Aurélia, et je rencontre cette thématique plus souvent que je n’aurais cru. – P. 17, Novalis écrivant que la mort de Sophie est « la clé de toute chose » – p. 21, « franchissement d’un seuil » – p 29, le « plaisir aristocratique de se placer « au commencement des choses » – p. 37, « je me rassemble et j’agis » ; sentiment d’un profond mûrissement ; l’émotion poussée jusqu’à son comble – p. 70 Certains de ses gestes n’étaient qu’à elle. Parfois, quand elle me parlait, je les sentais si vivement que j’avais le sentiment d’être autre. C’est le secret de la calligraphie chinoise : sentir en soi le geste d’un autre, celui qui a écrit » ; p. 72 : « le travail d’intégration conduit à l’accomplissement, l’accomplissement mène à la gratuité du don. (Cela rejoint ce que j’ai noté le 27 avril à propos de la générosité des idées que partage Jean-François Billeter.) – P. 74, « le récit de la Passion » a donné accès à la plénitude de l’émotion »

5 mai. Comme j’aime à lire, dans l’introduction aux Études sur Zhuangzi, ce qu’apporte la lecture à haute voix : lente, avec un rythme qui lui est propre, sans possibilité de sauter des mots ou des passages, donnant « loisir de sentir, d’imaginer, de concevoir ». « L’effet est augmenté par le ton, on découvre toutes les richesses du texte. » C’est comme cela que je lis la poésie, toujours, en prononçant intérieurement. Une autre découverte en découle pour Jean-François Billeter : « Quand on fait ainsi vibrer une pièce, elle en fait résonner d’autres qui se trouvent ailleurs dans l’ouvrage. » Ces derniers jours, j’ai donc lu Jean-François Billeter comme Jean-François Billeter lit Zhuangzi ! Et je serais prêt maintenant pour ma laudatio.

6 mai. Je relis le chapitre III d’Une rencontre à Pékin, le récit relatif au destin tragique du père de Wen, fait par son deuxième fils. Sa signification me frappe maintenant par ce qu’elle ajoute au récit principal : un soubassement noir. Car cet homme qui méritait une sorte de gloire et de la reconnaissance de la part des Chinois, a été vilipendé, suspecté, enfin humilié de la façon la plus injuste et la plus terrible. On apprend qu’au moment de la rencontre, ses années sombres avaient commencé, et que la Révolution cultuelle y ajouterait de la cruauté. Or Wen est sa fille préférée, on la lui enlève, il n’aura durant des années plus de nouvelles et ne pourra en donner. Le récit du fils est mis par Jean-François Billeter dans son contexte historique, ce qui était impossible dans le récit premier, fait selon le regard du protagoniste. De la sorte, tout se tient.

7 mai. Je note la dernière phrase de Une rencontre à Pékin : « Ce n’était plus la Chine, c’était le commencement d’autre chose ». – Dans le quotidien Le Temps du jour, Julien Burri évoque le « grand retentissement » qu’ont eu nos deux livres auprès des lecteurs. J’en ai eu bien des témoignages moi aussi. Et « retentissement » est le mot tout à fait juste. L’entretien finit ainsi, dans la bouche de l’écrivain : « L’alchimie de la présence se poursuit ». J’entrevois le rapport de cette pensée avec tout ce que j’ai évoqué dans cette espèce de journal. Promesse de long retentissement.

Fin du journal. Mesdames et Messieurs, cher Jean François, oui, la laudatio pourrait surgir de cette expérience de lecture et de notation à quoi je me suis livré. Comme cela fait vingt-cinq minutes que je parle, je me persuade qu’elle est dans ce journal et qu’on l’aura parfaitement perçue.

 

Je puis donc maintenant, au nom du jury, et avec l’aide précieuse de la Fondation Coromandel, remettre à Jean François Billeter, pour ses livres Une autre Aurélia et Une rencontre à Pékin, le Prix Michel-Dentan 2018, avec cette forme de laudatio brève qu’on pratique pour les prix académiques et les doctorats honoris causa , et un peu pédantesque pour le coup :

« A Jean-François Billeter, pour deux livres qui couronnent provisoirement une œuvre multiforme, mais des plus cohérentes, par intégration d’éléments qui sont apparus dans l’œuvre antérieure, confirmés par l’authentification qu’apporte une expérience ancienne, mise en perspective avec une expérience de vie récente, unique et décisive. »